Mots de Décembre

Alors qu’ils ont dévêtu le vert, les jours frileux recueillent des prémices d’hiver. Quelques agitations viennent clore une révolution, et souhaiter du mieux pour la suivante. Et dans cette fraction de tour d’étoile, décembre a constellé quelques mots…

Belle et douce nouvelle révolution à tous,
A bientôt dans les interlignes,

Carole

Au doux d’un jour grisé
Tiédi après le frais
Je m’assois à côté
Alors tu viens plus près

Au doux d’un jour de glace
Muet après le bruit
Tu façonnes ma place
En de tendres habits

Au doux d’un jour qui dort
L’après-midi ronronne
Tu m’embrasses et dehors
Du ciel pleut de l’automne

 

Tu es là
Aujourd’hui comme tous les jours
Aujourd’hui peut-être un peu plus

Dans ces mots que j’entends toujours
Ces frissons dont l’air s’est pourvu

Tu es partout où vit l’amour
Aujourd’hui peut-être un peu plus

(Pensées pour Sylvana en un jour particulier)

 

 

Comme si j’avais tout écrit
Comme si l’encre était tarie
La musique ne parle plus
Ma plume erre sans aucun but

Comme si mon sang se figeait
Comme si tout se ressemblait
Mes pages blanchissent les nuits
L’absence n’y fait plus de bruit

 

Il n’y aura plus de bruit
Que la voix de tes mots
Il n’y aura plus qu’ici
Maintenant sans écho

Il n’y aura plus d’après
Qu’un instant contre toi
Il n’y aura plus jamais
De douceur sans tes doigts

Il n’y aura plus de toit
Ni même de plancher
Il n’y aura plus que toi
Et moi ressuscités

 

Me vois-tu encore parmi mes transparences
Quand la cendre me gomme et que le soir m’efface
Quand l’ombre m’évapore sans la moindre trace
Même les mémoires ignorent mon absence

Me vois-tu encore là où je disparais
Où les miroirs ont même oublié mon reflet

 

 

 

 

J’ai marché, j’ai couru
Après d’autres projets
Espéré et voulu
Qu’ailleurs je reviendrai

J’ai cru voir et toucher
Ce qui viendrait renaître
Dans les douces contrées
Qu’ailleurs serait peut-être

J’ai cherché près et loin
Mais je me suis perdue
De choix en contrepoints
Mes ailleurs ne sont plus

 

 

 

Je ne sais de tes jours que ce que tu écris
Je t’imagine souvent parmi ces froids boueux
Et je rêve à nos nuits quand des temps plus heureux
Chaufferons enfin contre nous le même lit

Et je pense et je prie, mon Amour, si souvent
Les dieux anonymes pour te savoir vivant

En d’autres temps et lieux, d’autres telle que moi
Ont aussi attendu au long des jours sans fin
Un signe, une missive, un espoir plus certain
Que ma berceuse ait bientôt le son de ta voix

Et je pleure et je crie, mon Amour, si souvent
L’angoisse enrouant mon ventre et gelant mon sang

Seule l’attente existe depuis ton départ
Rien ne s’écoule plus, ni le temps ni les ondes
L’ombre gagne toute heure et je hais les secondes
Et chaque arpent de route et d’air qui nous séparent

Et je pars et je fuis, mon Amour, si souvent
Bien loin des hantises de tableaux terrifiants

En songe chaque nuit sans arme ni bagage
Je parcours chaque lieue m’amenant jusqu’à toi
Même sous les bombes et habitées d’effroi
Et je viens près du tien ajouter mon courage

Et je prête et je lie, mon Amour, si souvent
Mon cœur à des parfums que te livre le vent

 

Il ne suffit pas
D’ouvrir grand les paupières
De bazarder le gris
D’emprisonner la lumière

Il ne suffit pas
De grimer les noirceurs
De perdre les œillères
De regarder sans voir

Par-delà l’évident
Dans tous les ordinaires
C’est d’abord dans tes yeux
Que la beauté doit être

Au blanc du papier parfait
Où des images s’esquissent
Nos mines glissent d’un trait
Certaines des doux auspices

De lumière en amertume
Les couleurs changent d’espoir
On a beau tenir la plume
On ne choisit pas l’histoire

On suppose des nuances
Des digressions un peu larges
Mais des pages en errance
Gribouilleront dans les marges

On ignore quel pinceau
Barbouillera nos mémoires
On a beau poser les mots
On ne choisit pas l’histoire

 

L’eau comme une offrande au bout de mille prières
Dilue toute la joie des larmes soulagées
Infiltrant l’âme comme elle rejoint la terre
Convoyant la vie sur son écorce abîmées

Il glisse sur la peau des visages offerts
Ce miracle liquide qui renie l’enfer

 

 

On sait toujours trop tard  
Que la liberté se regagne sans cesse

Qu’elle s’arrache à mains nues

Qu’elle n’existe que parce qu’elle vole
Au bout de toutes les guerres
Et de toutes les revanches

Et tout au fond de soi

 

J’entends cet air qui vient se répéter
J’oublie mes frissons, l’écho de nos rires
Et entre les plis qu’aime ton sourire
La battement que mon cœur a raté

Nos papillons envolent-ils déjà
Nos jours semblables, nos pareils lassés
Tu me manques et pourtant tu es là

Mes ailleurs fanent au long du tunnel
Que tu bâtis sans même le vouloir
Condamnant ma liberté au mouroir
Et nos deux rails à d’autres parallèles

Tu vois mes mots mais tu ne les lis pas
Toutes nos danses se sont fait la belle
Tu me manques et pourtant tu es là

 

De l’ourlet de tes lèvres
A l’ombrage de tes joues
De tes pas sur ma terre
A mes voyages en tes eaux

Des sillons de ton sourire
A l’orée de ton regard
De mes songes dans ton sommeil
A l’aube du premier jour
Du reste de nous

Ce que j’étais vient mourir
Ce que je serai devient

 

J’attends encore ce moment
Fraction de temps évadée
La paix de l’âme a ses serments
Prêtés aux douleurs désarmées

Ce moment où viennent périr
Les maux gardés tout en dedans
Les doutes déchus de l’empire
Hors de l’emprise des tourments

 

 

Je ne devais plus jamais pouvoir te frôler
Ni respirer encore les frissons de ta peau
Nos mains et nos âmes disjointes bien trop tôt
Nos souffles ne devaient plus jamais s’échanger

Tu étais un miracle en mon cœur solitaire
Tu y es revenu en un autre univers

 

 

 

 

 

Et t’attendre au détour
De quelques mots
Du bout des lettres, une caresse
Pour tout le monde peut-être
Ou peut-être
Un peu pour moi

Et t’attendre entre deux
Syllabes ou sonnets
Du bout des vers, une tendresse
Pour d’autres gens peut-être
Ou peut-être
Juste pour moi

 

Je frappe des mains
Et je bringuebale des éclats
De rire et de voix
Du matin à un début
A l’endroit où l’envers
Renverse les sens

Je tape du pied
Et balance mon cœur
D’un bord à une fin
D’une proue à une cime
A contretemps du temps
A contre-courant
De toutes les symphonies

 

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