Mots de Janvier

Le dernier chiffre a changé, dans l’indifférence des sommeils alentours.
Sous les nuages engourdis, le jour regrapille quelques minutes vespérales, en semant de ses poches le cœur de l’hiver.

Doux février à toutes et tous,
Et à bientôt dans les interlignes,

Carole.

 

 

Jure-moi que ce n’est pas fini
L’oubli de tout le reste
Ce ventre qui se noue
L’absence qui fait si mal

Promets-moi
La vie qui brûle les veines
Les larmes quand l’aube vient
L’éternité, les débuts

Et encore
Des jours à vibrer
Des courses et des fièvres
Et des étoiles à suivre

 

Elle court sur la peau éludant les frontières
Seule raison au mal, aux deuils, aux cieux déchus
On voudrait la garder entre quelques barrières
Forgées de l’espoir qu’elle ne s’évade plus

Mais elle se regagne et s’arrache à mains nues
Au bout des revanches et de toutes nos guerres

(Liberté)

 

Dans ton regard, je viendrai
Chasser l’ordinaire

Dans tes yeux, je viendrai
Éroder l’usure

Juste
Pour que tu me voies
Vraiment

Juste
Pour que tu me découvres
Encore

Et que tu ne m’aimes pas
Juste
Par habitude

 

 

Et si on s’en foutait
De ce qui nous retient
Des bien-pensances et des limites
Des regards et des hasards

Et si on restait sourd
Aux sermons comme aux habitudes
Loin des rectitudes prévues
Et des lests quotidiens

Et si on s’en foutait
Des destins et des raisons
De ce qu’il faudrait
De ce qu’on devrait

Et si on écoutait
La musique et le hasard
Le cœur et les chamades
L’écho d’un espoir volé

Pour un morceau de temps
Pour une vie entière

 

 

Ta peau que mes doigts désaccordent
Vient bruisser tout contre la mienne
Quand la nuit que les désirs mordent
Tient tes lèvres entre les miennes

Quand tes mains courent sur la soie
Nos velours drapent tout l’espace
Nos brûlures quand l’aube a froid
Notre âme en gravera la trace

 

Tu es 


Où le manque se dilue
Où rien n’est plus absent
Où rien ne se perd plus
Et où le temps attend


Où les moments perdurent
Où l’on peut persuader
Les dieux que l’on conjure
De ne rien emporter


Où tu existes encore

Dans
L’écrin de ma mémoire
Que l’amour a forgé

 

On tourne des pages après des points posés
On clôt des chapitres pour d’autres inédits
Mais le même océan vit sous nos yeux fermés
En tombant la pluie fait toujours le même bruit

On pave un chemin au-delà des carrefours
Même nos déviations nous amènent ici
Mais nos mémoires tracent les mêmes pourtours
En tombant la pluie fait toujours le même bruit

Dans nos fois, nos fugues, jusque dans nos naufrages
On visite autre-part, on revient, on s’enfuie
Mais partout où l’on va, on s’emmène en voyage
En tombant la pluie fait toujours le même bruit

Malgré les écueils, les grabuges, les tourments
Tout ce qui nous exile ou bien nous rapatrie
L’on ne devient jamais que ce que l’on défend
En tombant la pluie fait toujours le même bruit

 

Seras-tu mon autre
Mon bout d’histoire, mon second rail
Le garde-fou de mes déraisons

Seras-tu ma réponse
Quand la houle secouera le ciel
Quand il faudra continuer

Seras-tu ma providence
Si le plancher ploie
Si le vide s’invite

Seras-tu là
Près ou loin
Mais là
Demain

 

Cessez de chercher
De vouloir et d’attendre
D’exiger et d’envier
Il y a au-delà
Des horizons lassés
Des jours semblables
Des illusions d’importance
Un monde
Offert
Ses fragilités 
Toutes les délicatesses
Qui ne se regardent pas
Mais qui
Se voient
L’âme ouverte

 

C’est de quelqu’un la fille, la femme, l’amie
L’abri d’un enfant, une chaleur, un parfum
C’est de quelqu’un le frère, un grand-père, un mari
L’histoire d’autres vies, la croisée de chemin 

Garde cette âme auprès de tes larmes séchées
Souffle son souvenir toi qui l’a tant aimée

 

Délaisse la lumière
Viens rêver d’autre chose
Laisse le jour se taire
En étirant sa pause

Veille l’obscurité
Jusqu’à ce que dehors
Les ombres soient parées
D’une nuée d’aurore

Garde encore un peu closes
Nos vies et nos paupières
Viens rêver d’autre chose
Délaisse la lumière

 

Là où l’enfer a brûlé l’espoir
Près des instants qui ont tout perdu
Quand plus rien ne veut encore croire
Sous les cieux dévastés et déchus

Dans le sillage des infamies
Quand la lumière n’est plus que trace
Fragile, vacillante, inouïe
Jaillit une étincelle de grâce

 

 

Et quand je marche dans le noir
Que l’air vient manquer à mes jours
Quand même la lumière fait mal

Et quand ma mémoire me lacère
Que demain me pétrifie
Quand savoir me terrifie

Alors
Tu me prends la main
Et tu me fais danser
Sur les décombres

 

 

Tout en haut des sommets qui ne s’atteindront pas
Dans les inspirations qu’une plume oubliera
Dans les secrets savoirs qui resteront cachés
Près des terres que des pas n’iront pas fouler

Rien ne sèmera jamais le moindre regret
Le chemin des rêves vaut leur réalité

 

Si je pleuvais des rires
Ils éclateraient
Près de ton bonheur

Si ma plume parlait
Elle dirait à tes mots
Qu’elle est amoureuse

Si mes yeux s’épanchaient
Ils perleraient tes jours
D’or et d’étincelles

Si mon hasard te cherchait
Il prierait ton destin
D’emprunter mon détour

 

Si ta nuit revenait effleurer mon corsage
Que tes désirs délaçaient mes rubans de soie
Mes douceurs s’ancrerait à ton sûr bastingage
Mes soupirs gonfleraient la voile de tes doigts

Si jamais au matin j’oubliais de partir
Tes étreintes viendraient rebâtir mon empire

Dans les ténèbres que ton regard vient meurtrir
Où ma peau s’enlace à tes caresses d’orfèvre
Même si l’ombre brûle ce que je respire
Ton souffle a laissé l’éternité sur mes lèvres

Si jamais au matin j’oubliais de m’enfuir
Je laisserais mes peurs se muer en soupir

 

J’ai tant marché
Sur des fausses routes
Et contemplé
Des faux-semblants
Au long des heures
Douces amères
Et des leurres
Aigres-doux
Je t’ai croisé

A un carrefour
Entre une voie
Sans issue
Et la hissée
De mes voiles
Juste au seuil
De mes abysses

 

Et tous les pétales de ton âme s’étalent
Près de tes pluies d’ébène et de leurs résonances
Dans l’écho de tes gouttes de nacre et de cristal
Déchues de tes forces et tes impertinences
 
De bulles légères en gouffres de douleur

Tes monochromes vibrent toutes les couleurs

 

Je te sais
Mais où es-tu
Toi qui me répare
Pour que j’avance encore
Moi qui nous sépare
Quand mes peurs ont tort

Tu me sais
Mais je suis perdue
Moi qui t’aime encore
Quand plus rien n’existe
Toi qui panse mon corps
Sous tes doigts artistes
 
Nous oublierons-nous
Quand tout sera vécu
Quand nous ne saurons plus
Qu’être morts ou fous

 

Même si nous ne sommes pas si loin
J’ai rêvé de te toucher
Sans distance et sans peur

Même s’il vit aussi dans tes yeux
J’ai rêvé de ton sourire
Et du mien pour lui répondre

Même si nos mots demeurent
J’ai rêvé de nos étreintes
De nos peaux contre nos douceurs

Même si nous parlons encore
J’ai rêvé de prendre ta main
En ces gestes qui disent tout

Même si nos pensées nous touchent
J’ai rêvé d’être près de toi
Les paumes contre tes douleurs

Même si nous sommes liés
J’ai rêvé de danser
Jusqu’à démasquer le matin

Même si je veux te protéger
J’ai rêvé de liberté
D’autres promesses
De Vie

 

 

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