Mots de Juin

« Winter is over, Summer is near »
Ces paroles de la chanson Narrow Daylight de Diana Krall illustrent bien ce magnifique mois de juin qui s’achève.

Des jours solaires qui s’étirent, des nuits claires… et quelques mots pour accompagner l’arrivée en fanfare de la période estivale, ses parfums alanguis de vacances, son temps ralenti de chaleur.

Voici donc la sélection soigneuse des Mots de Juin, pour escorter un court moment votre premier pas sur la route de l’été.

Bonne lecture et bon été !

 

Brûlée de tant de colère
Usée d’indomptables guerres

Ton sourire un jour
A croisé mes batailles

Et dans l’armistice de tes bras
J’ai baissé les armes

 

Et je frissonne pourtant 
A l’air qui dépose
La poussière de tes caresses

Et je te vois pourtant
Dans les reflets grisés
Des miroirs éteints

Et je me tais pourtant
Pour entendre encore
Tes silences chuchoter

Et je respire pourtant
Le souffle emporté
Que tu retiendras toujours

 

Elle se sent seule 
Cette nuit pâle et sans réponse

Elle implore les cirrus
De lui rendre les étoiles
De cieux sourds aux prières
Et lourds de mémoires

Le sommeil pleure
Sur l’autel des songes

Elle se sent seule
Cette nuit pâle et sans réponse

 

Raconte-moi encore
La paix

Montre-moi toujours
Les possibles

Ne me promets rien
Jamais

Ne retiens ni mes doigts
Ni mes chutes

Reste la main
Que je pourrai saisir

Seulement
Quand je ne pourrai plus

Reste les regards
Qui me diront tout

Le jour
Où mes mots se tariront

 

 

Vos luttes sont vaines 
Contre ces veines de volutes
Quand les incandescences
Choisissent le camp des sens

Cet air est diffus mais
Il monte sans descendre
De l’inspiration en fumée
N’en reste que des cendres

 

 

Les secondes dégoulinent 
Des horloges pressées

En ces temps sacrifiés
Au prix de nos essences

A louer les toujours
Les éphémères se brisent

Dans l’oubli funeste
Des prodiges de l’inconstance

 

 

 

Je me croyais à l’abri
Derrière l’infranchissable porte
De mes refuges

J’ignorais encore
Que sans effort,
Sans même un tour de clé
Elle s’ouvrirait

Sur le seuil de tes mondes
Où mes verrous sont dérisoires

 

Tatouer les étreintes 
A l’encre des lèvres

Consumer les désirs
Dans l’âtre des êtres

Brûler à nouveau
La peau et l’âme

Oublier,
Vouloir,
Avoir
Sans seconde, sans heure

L’Eternité pour seul décompte
Même sans autre fois

 

Je te donnerai des notes 
Si tu entends ma musique

Nous boirons des vers
Si tu trouves à quoi je rime

Nous danserons sur la nuit
Si tu enlaces mes pas

Nous nous échapperons au loin
Si tu me veilles de près

 

Nulle part,
Partout
Mais jamais loin

Insaisissable,
Indocile
Mais douce à tes étreintes

Confiante,
Égarée
Mais chez moi contre toi

Déphasée,
En phrasée
Mais mes mots pour tes carnets

Fragile,
Invulnérable
Mais ma force pour tes doutes

Emmurée,
Libre
Mais ma lueur pour tes aubes

 

Viens 
Il y a autre chose
Des vies bancales
Qui n’attendent rien
Que nos liens défaits

Viens
Il y a autre part
Des vents qui s’ébrouent
A bout de souffle
Entre nos doigts ouverts

Viens
Il n’y a rien d’autre
Qui compte encore
Que nos envies
Et chaque saison

Pour les suivre

 

Même si Je demeure 
Etrangère à vos mondes

Indifférente
A vos importances
Et vos illusions

Mes insolences
Battront le pavé
De mes routes solitaires

Et mes révoltes
Dessineront demain
Toutes mes libertés

Peut-être bazarderai-je mes fiertés 
Aux portes de tes bras

Peut-être vivront mes sourires
S’ils s’infusent dans tes regards

Peut-être éviterai-je mes embardées
Si je te laisse approcher

Peut-être pleurerai-je enfin
Si tu essuies mes larmes

 

Alors, je m’en irai 
Loin des mondes aveugles
Et du vacarme des sourdines

Respirer ce qui brûle
Ce qui glace, l’air que fredonne
Les souffles grisants

Je ne porterai
Qu’un voile de bruine
Pour épouser l’orage

Je n’emporterai
Que quelques pinceaux
Pour peindre des étoiles

 

Et nos nuits éperdues 
De présent, d’absolu

Et la fébrilité
De toutes nos impatiences

Et mes renaissances
Au creux de tes velours

Et nos abandons
Entre nos doigts lacés

Tout se noie
Dans l’incandescence
Où je voudrais
Disparaitre

 

Tant de yeux lisent
En capturant la beauté
Sans saisir la substance

Tant d’âmes passent à côté
Et voudraient ligoter
Ce qui n’existe qu’en liberté

Toi qui lis mes mots
N’as-tu pas compris

Que les liens que l’on veut serrer
Sont ceux que défont
Les poignets trop affranchis

 

Pourquoi vouloir 
Emprisonner
Ce qui ne s’épanouit
Qu’en volant

Pourquoi vouloir
Garder pour soi
Ce qui n’existe qu’en glissant
Entre les doigts

Pourquoi vouloir
De l’éternel promis
Quand tout réside
Au creux des instants

 

Entre deux pages 
De passages inspirés
Ecrits d’une traite

De lignes vides
De désuétude

De paragraphes intenses
Aux vibrations magiques

Emerge l’interlude
Le plus difficile

Entre le bruissement douloureux
De la page qui tourne

Et le premier mot
Du chapitre suivant

Pourras-tu
Me pardonner
De m’être laissée aveugler
D’avoir emprunté une route
Qui n’est pas la mienne

Pourras-tu
Ne pas m’en vouloir
Et me laisser recommencer
Sans que mon ombre soit
Le sillage des douleurs

Pourras-tu
M’aimer assez
Pour me céder à ma liberté
Et voir enfin que la tienne
T’attend aussi

 

J’ai marché 
En effleurant la terre
Enlacée par les murmures
Des fureurs assoupies

J’ai respiré
Ses souffles indociles
De liberté expirée

J’ai volé
Sans plus vouloir me poser
Que dans ce qui grise

J’ai emporté
La force qui vibre
Au long de mes veines
Vers d’autres demains

 

Je peux bien disparaitre 

Rien ne comptera jamais plus
Que d’avoir respiré
Le souffle de tes douceurs

Que d’avoir soupiré
L’air qu’ont joué tes mains
Sur ma peau lentement retissée

Que d’avoir abandonné
Aux portes de nos nuits dévêtues
Tout ce que tu m’as fait oublier

 

Si les pas pressés
Ne menaient nulle part
Et que la pluie battait
Des gouttes de silence

Si l’aube désertait
Le baiser de la nuit
Et que les mots se tarissaient
Muets de désuétude

Il resterait des larmes
Pour puiser des encores
Un sourire esquissé
Pour peindre des possibles

 

Cette nuit, juste celle-là 
Réfute ma liberté
Nie que je refuse
D’appartenir à quiconque

Cette nuit, juste celle-là
Capture ma peau
Et brûle mes absences
Aux braises de tes désirs

Demain,
Tu me rendras mes fuites
Mais cette nuit, juste celle-là
Fais-moi tienne
Et rien que ça

 

Dis-moi 
Qu’il y a plus grand
Que nous ne sommes rien
Que si peu importe au fond

Dis-moi
Qu’il y a autre chose
Que ce n’est pas que ça
Qu’il n’y a d’inconcevable
Que ce qu’on n’osera pas

Dis-moi
Que nous ferons plus
Que nous irons plus loin
Qu’il n’y aura rien à regretter

 

 

#6mots

On ne retient pas les gens
On ne retient que les souvenirs

 

Toujours en musique
Mais sans ritournelle

Toujours en chemin
Mais sans boussole

Toujours en mots
Mais sans pléonasme

Parfois des cris
Mais sans écho

Un jour après l’autre
Sans rengaine

Un seul amour
Et sans récidive

 

Il n’est de
Jour sans merveille

Ni de merveille
Qui se dérobe

Aux regards qui
Savent encore voir

Je veux vivre
Les yeux ouverts

 

Vague à larmes
Crise de l’âme

 

Tes murs dressés
Aux joints d’argile

Je les démantèlerai
Pierre à pierre

J’en ferai
Une chaumière, un foyer

Pour nos paix indociles,
Nos audaces

Pour nos indicibles
Et nos tendresses

 

Auprès des roses 
L’hiver s’est fané

Tous les matins
Eclosent pour elles

Et pleurent doucement
Sur leur beauté

Les larmes de rosées
Qui s’évaporent

 

Je sais, j’ai vu, j’ai aimé
Ce que vous ignorez peut-être 

Même si je vous reste étrangère
Laissez-moi mes exils et mes silences

C’est là que je renaîtrai encore

 

Même assis 
Sur les rebords crépusculaires

Ne laisse pas
Mourir les horizons

Ni jamais ton ciel
S’en dépourvoir

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