Mots de Novembre

Sous quelques pluies de feuilles, la fraîcheur a regagné l’air, et la flamme, les âtres.
Nos pulls se vêtent de Novembre et Novembre dévêt la nature. Et dans les flaques sautent ses mots, qui éclaboussent jusqu’ici…

Doux mois de décembre à tous
A très bientôt (!) dans les interlignes,

Carole.

 

Dans le manège des pages
Des envolées de fragrances
Les traits de certains visages
La buée d’un jour d’enfance

La date ou juste l’instant
La couleur du papier peint
Quelques airs,et ce roman
C’est comment déjà la fin ?

Ailleurs, égaré, perdu
Où part ce qu’on a vécu

 

Malgré ses flammes insolentes
Mon cœur a égaré ses clefs
Et rien ne viendra réparer
Sa mécanique défaillante

S’il-te-plait ne viens pas m’aimer
Je n’ai jamais su comment faire
La tendresse d’armées entières
L’ouvre avant de le refermer

Il ne fonctionne qu’à l’envers
En claudiquant d’une heure à l’autre
En réfutant ce qui est nôtre
Ne m’aime pas, fais marche arrière

Je me détraque, je tourne mal 
Dès que d’ennui mes jours se fardent
Dans cette vie pleine d’échardes
Ne m’aime pas, je suis bancale

 

Nulle part dans les évidences
Ni dans aucune autre éloquence
Un mot à peine murmuré
Quelque-chose vient de changer

Au coin des rues, l’air qu’on respire
Un silence, à peine un soupir
Un indicible, un non esquissé
Quelque-chose vient de changer

Presque rien, la grâce oubliée
C’est le monde qui va changer

 

J’aime quand tu te tais
Là où tu me dis tout
J’aime quand tu me fais
Chavirer n’importe où

J’aime tes souvenirs
Aux douleurs amnésiques
J’aime quand ton sourire
Contemple ma musique

J’aime n’être que moi
Même sous ton regard 
 J’aime lorsque tes choix
Rencontrent mon hasard

 

C’est tout au creux de toi
Une aiguille, une lame
Trahisons d’autrefois
Qui t’ont entaillé l’âme
 

A plus loin repousser
Dans les inaccessibles
La confiante amitié
Ombrée d’une possible 

Nouvelle meurtrissure
Nouveau coup asséné
Quand peut-on sans censure
Lever le bouclier

Que manque-t-il à l’aube quand j’ai déjà tout
Où se trouve le sol sous mes pieds déjà nus
Et pour quelles raisons mon cœur entier se noue
Dans les gouffres sans fond des chutes imprévues

Que nourrit le vide des ruines de mes nuits
Et mon ventre enlacé à l’angoisse qui gît

 

 

Prête-moi ta nuit
J’y vêtirai ta peau
D’un revers de caresse 
Et j’en peindrai l’obscur
Aux couleurs de mes aubes

Prête-moi ta nuit
Les perles de mes cils
Viendront l’étoiler
Et je l’embraserai
Des couleurs de mes flammes
 
Prête-moi ta nuit
J’y peuplerai de paix
Toutes tes solitudes
Et je t’y aimerai
Aux couleurs de mon âme

 

Si un jour, tu rayes des pages
Je lirai celles de mon livre
Et si tes espoirs font naufrage
Ma barque les fera survivre

Si ta terre s’est asséchée
Tous mes soleils viendront pleuvoir
Et si tu oublies qui tu es
Mon cœur t’offrira sa mémoire

 

Je te veux pour hasard
Et pour toute rencontre
Ma marée et mon phare
Le doute que je contre

Je te veux pour chemin
Et pour toute traverse
Ma fougue sous tes mains
Mon feu sous tes averses

Je te veux pour pardon
Et pour toute croyance
Si tes absolutions
Retissent ma confiance

 

 

Et ça défile et ça bouscule
Devant les yeux, dans les entrailles
Une à une éclatent les bulles
Que l’ombre et les affres entaillent

Je marche encore vers les murs
L’eau monte à mon île perdue
Partout grondent les déchirures
Je marche mais n’avance plus

Tout accélère et se délite
Il est tout autant tôt que tard
Le doux se meurt d’aller si vite
Je marche en n’allant nulle part

Même les merveilles palissent
Le manège est désenchanté
Et les pesanteurs s’alourdissent
Je marche jusqu’à reculer

 

Perds-moi
A l’orée de tous tes voyages
Dans la violence de tes maux
Près de tes hivers sans manteau
Retrouve-moi dans tes bagages

Perds-moi
Dans les détours de tes jardins
Dans l’espace entre tes deux bras
Entre tes sommets et tes bas
Et retrouve-moi sous tes mains

Perds-moi
Quand la nuit renonce au matin
Sous tes lèvres et tes douceurs
Si le plaisir lie la douleur
Retrouve-moi quand l’aube vient

Perds-moi
Aussi loin que toi tu t’égares
Dans l’envers de chaque saison
A l’aune de nos déraisons
Et retrouve-moi où tu pars

 

Est-ce que le mal finit
Est-ce que la nuit oublie
Y a-t-il une insouciance
Qui survive à l’enfance

Est-ce que tout ça s’arrête
Les boucles dans la tête
Le nœud dans les entrailles
La lame ouvrant les failles

Le gris qui éclabousse
Les épreuves, les secousses
La pluie qui se déchaîne
Est-ce que ça vaut la peine

 

Quand sur ma peau lésée le temps viendra mourir
Mes douceurs poètes effleureront ton corps
Le ciel de tes prunelles fera refleurir
Les vagues de velours qui rallieront mon port

Tu sais mes méandres et mes souffles perdus
Et tu m’éprends à chaque murmure un peu plus

 

 

Parce que tes douceurs
Ont tatoué ma peau
Mes frissons font écho
A ta soie qui m’effleure

Parce que ta mesure
Bat mes intempérances
Même dans tes absences
Tes raisons me rassurent

Parce que tes prunelles
Imprègnent mes regards
Partout là où je pars
J’y emporte ton ciel

 

Gardez donc vos roses et tous vos arcs-en-ciel
Vos overdoses sucrées, vos superlatifs
Pour un peu moins de gris déguisant l’essentiel
Et moins de ténèbres dans nos destins captifs

Débarbouillons demain de tous ses désespoirs
Rallumons une à une nos raisons de croire

 

 

Il est un voyage
Entre l’origine et l’infini
Long comme un clin d’œil
A l’autre bout d’ici
Tout près du monde
Sur la cime des gouffres
En déséquilibre
Sur un fil
Arrimé à deux étoiles

Un voyage en Vie
Comme un tout
Dont il ne demeure
Que des grains

De folie
Et de poussière

 

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