Mots de Septembre

Si ses pas se font parfois feutrés, l’automne a cette année sorti ses tambours, faisant taire l’éloquence estivale.
Longtemps agrippées aux jours de septembre, les folies ensoleillées ont dispersé leurs derniers mots…

Bonne lecture et doux octobre à tous,

Carole.

 

Du bout de l’âme,
Je voudrais faire durer
Encore un peu le jour

Préserver l’ambre
Traîner le couchant

Entre mes doigts
Eterniser l’émeraude
Graver l’azur, les brises tièdes
Et les langueurs lumineuses

Encore un peu
Un peu plus longtemps
Comme si je pouvais
Retenir l’été

 

Le long des murs et des marches érodées j’écoute
L’ombre qui murmure toutes les confidences
De siècles de vies et de légendes sans doute
De larmes et d’autres liesses, de drames et de danses

Dans le silence où dorment les temps oubliés
Mes pas épousent les empreintes effacées

 

 

 

 

J’écris des mots invisibles
Entre la lumière et l’ombre
Des missives illisibles
Oubliées sous les décombres

J’écris des mots transparents
Des soupirs et des silences
Des trop-pleins et des néants
La brûlure des absences

J’écris des mots cristallins
Dans des livres orphelins

 

 

A la tempête j’offrirai ma peau
Je viendrai vibrer au rythme de l’eau

Et aux bourrasques j’offrirai mes cris
J’inspirerai au vent l’air de l’oubli

A leurs violences j’offrirai mon sang
L’amère, le lest et tous les tourments

Le temps de savoir que l’on est
Vivant

 

Mon cœur se déchire
Si plein et si serré
Ma peau vient souffrir
D’aubes inachevées

Sans manque pourtant
Sans logique ni raison
Je t’aime comme j’attends
Ma cinquième saison

La nuit oublie les heures
De mes passions sans fièvre
Mes velours se meurent
De la soie de tes lèvres

 

 

Dans un lit sillonnant la douceur d’une joue
Depuis l’orée des cils, une rosée de pleur
Faites d’eau et de sel dilués de douleurs
Glisse une larme comme un pétale s’échoue

Perle de regard, débords des peines en cage
Venant gonfler le flot de bien d’autres courages

 

 

 

Je rêve de t’offrir
La fenêtre de mes yeux
Pour l’ouvrir sur le monde
Que tu n’as jamais vu

Celui d’un prodige
Aux couleurs sans pareil
De splendeurs fragiles
De tant et tant d’amour

Celui dont les beautés
Font exploser le cœur
S’enveloppant parfois
D’une brume de pleurs

 

Tu es
A chaque respiration
Dans les replis
Du silence
Dans tous les sourires
Qui veillent encore
Mes éveils
Au creux des frissons
Dont ma peau
Se souvient
Mes larmes
Chaque courage
Toutes mes forces
Aujourd’hui
Demain encore
Dans ce qui m’attend
Mon souffle
Et mes lueurs

(Pour Sylvana…)

 

Viens avec moi
Arpenter toutes les crêtes
Tutoyer l’espérance
Quand la lumière s’apprête
Et que tout recommence

Viens avec moi
Croire encore aux peut-être
Mettre au loin les voiles
Dans nos rêves à renaître
Réécrire les étoiles

 

 

Il a plu aujourd’hui
Sur la terre asséchée
Sur mon cœur bleui
Sur des fleurs fanées

Il a plu ici-bas
Sur l’aube de l’automne
Sur le vide de mes pas
En gouttes qui résonnent

Sans délaver les heures
Ni estomper le bruit
Sans diluer les heurts
Il a plu aujourd’hui

 

Je t’aime sans savoir d’où
Sans combat et sans manière
Libre comme l’est un fou
Sans entrave et sans chimère

Je t’aime sans savoir quand
Encore, toujours, peut-être
Ou bien juste maintenant
Sans point final à ma lettre

Je t’aime sans savoir si
Nos demains nous attendront
Nous déroberons nos nuits
Jusqu’au bout des déraisons

 

Aux confins de l’obscur et du froid
L’insignifiance d’une poussière
Un il faudrait près de ce qui doit
Un grain dans des galaxies entières

Une errance dans l’immensité
Un point au bord d’une particule
Un bout de toute l’éternité
Ephémère, je suis minuscule

 

Il ne pleut presque plus
Laisse tes pieds nus
Suis-moi là dehors
Dans la fraîcheur émeraude

Ressentir la terre
Ecouter l’averse traîner encore
Et soupirer la paix

Suis-moi encore
Nos vêtements collés à la peau
Je te prendrai la main
Et mes lèvres offriront
Aux tiennes ce ciel 

 

 

Et je demeure étrangère
A ces jours aux heures pressées
Ces peines jamais achevées
Ces gravités éphémères

Je n’appartiens à rien
De mon époque sans fragrance
De ses mots sans éloquence
De ses buts sans chemin

Je ne reconnais plus
Les saisons ni les couleurs
Ce qui anime encore les cœurs
La vérité de la vie nue

Sans place et sans croyance
Trop pleine pour nos vacuités
Je n’appartiens qu’à un passé
Nourris d’autres espérances

 

Dans une seule lueur
Au seuil des étoiles
Dans des cieux enflammés
J’ai vu naître le monde

Aux couleurs du peintre
Dans d’autres audaces
Au souffle d’une aile
J’ai vu naître le monde

Dans un frémissement
Dans la saison qui vient
Au fond de tes prunelles
J’ai vu naître le monde

Après la guerre
Sous les caresses qui bruissent
Dans un rêve à bâtir
J’ai vu naître le monde

Dans le cœur d’une mère
Dans un rire d’enfance
Dans l’élan d’un archet
J’ai vu naître le monde

Même dans l’obscurité
Et quand plus rien n’attend
Un regard suffit
Pour un monde entier

 

L’été étire ses vieux jours
En lanternant sa révérence
La brume agrippe les pourtours
D’heures envolées d’insouciance

L’aube enfantine de l’hiver
Offre ses verdures aux ors
Exhalant les parfums de terre
Son ocre embrasant le décor

Partagez cela sur: