Mots de Deux Saisons

Il m’a fallu compter sur mes doigts pour réaliser… Mais ce mois de mars 2024 signe bel et bien le début de la septième année des Mots du Mois.

Oui, il y a déjà six ans que quelques vers se déposaient pour la première fois sur ces pages virtuelles… Tant d’yeux les ont parcourus depuis. Une fois. De temps en temps. A chaque publication.
Six ans de pensées, d’émotions, de sentiments, de sensations, de sensualité, de questionnements, d’émerveillements.
Six ans pour les partager avec vous.

Merci du fond du coeur pour ces six années à faire vivre ma poésie, peut-être d’autres de mes textes aussi.

Doux printemps à toutes et tous.

A bientôt dans les interlignes,
Bien sincèrement,

Carole

 

Laisse le vent venir
Te prendre par la main
Les hiers te construire
Un autre lendemain

Laisse la pluie laver
Les erreurs, les “et si”
Ce qu’on ne peut changer
A son droit à l’oubli

Laisse entrer la lumière
Sans attendre demain
Sans regard en arrière
Le présent bat son plein

 

 

Et danser
Sur les décombres et les gravats
Quand ça brûle, quand ça fait mal

Et danser
Sur les larmes et les déserts
Quand tout se perd, quand tout est urgent

Et danser
Sur les bleus et les absences
Quand rien n’existe plus
Et quand tout veut guérir

 

 

Il y aura parmi
Les cieux quelques orages
À braver d’un courage
Et il faudra aussi

Abandonner l’errance
Et déposer son cœur
Auprès de la douceur
Où toute plaie se panse

Pour qu’au matin s’unissent
La nuit et la lumière
Dans l’aube sans frontière
Et que l’ombre en palisse

 

 

Nos soirs ont apaisé
Les ombres
Et au creux des matins
Quelque chose a changé

Tes yeux ont bouleversé
Mon ciel
Et depuis ton regard
Le temps n’est plus le même

Mes craintes ont cherché
Tes tendresses
Et jamais tes baisers ne sauront 
Qu’ils ont tant manqué à mes lèvres

Tu étais déjà
Où je voulais aller
Là où la nuit n’a cours
Que quand rêve la lumière

Tu as emmené en voyage
Mes sourires 
Et parmi mes pénombres
Ton rire a semé des étoiles

 

 

Cesse tes pas sur la poussière
Des offensives puis des paix
En cet endroit bâti d’hiers
Aux murs lézardés de secrets

Entends les rires et les peurs
Les sanglots cimentant les pierres
Et au jardin, près d’une fleur
L’amour dont elle est héritière

 

Quand le temps se fait nôtre
Et que rien n’attend plus
Que le monde n’existe
Qu’entre mon coeur et tes yeux
Alors s’y bâtissent des ponts
Que franchissent
Tous les possibles

 

 

Une bribe d’orage
S’éparpillant dans l’air
Laisse enfin les nuages
Se farder de lumière

Chatoient et caracolent
Toutes poudrées de pluie
Les fleurs, les herbes folles
Frémissantes de vie

 

 

Aux préludes dorés succède la chaleur
Embaumant les roches de mille et un parfums
En touches de menthe, de lavande et de pin
Et veillent le torrent les colchiques en fleur

 

 

 

 

Sous mes paupières
Je dessinerai ton corps
Et mes courbes viendront
Esquisser ses contours

Sur la nuit
J’écrirai tes baisers
Et mes caresses auront
Ta peau pour parchemin

 

 

Soudain recule la lumière
Au point même que le jour doute
L’horizon zèbre les éclairs
Et les carreaux battent les gouttes

Le vent goûte à tous les nuages
Hardis dans leur manteau de cendres
Pleurant la joie comme un breuvage
Ravivant le cours des méandres

 

 

Laisse partir le jour
Glisse sans plus de crainte
Dans les draps du ciel

Et tout contre la nuit
Touche du bout du rêve
Le matin des étoiles

 

 

Après des années à tant dire
Sur le ciel, y mettre les voiles
Et finalement devenir
Un peu de poussière d’étoiles

(Hommage à Monsieur Hubert Reeves)

 

 

 

Puisque l’été a tout rangé
Le jour qui s’éternise
Les parasols qui lisent
Les chansons qu’on aimait danser

Puisque le chaud a renoncé
Que les ocres ont repris
Près des feuilles rougies
Le droit de tout badigeonner

Les bras d’Octobre se déploient
Et l’Automne flamboie

 

 

Ni l’immondice, la malice, l’injustice
Ni les bombes, l’immonde, le sombre
Rien du mal
Qui se déverse
Qui te traverse
Qui nous bouleverse
N’effleurera
L’espoir de l’aube
Rien
N’abîmera
Le ciel, le beau, l’amour
Que tu imagines
Que tu rêves
Que tu forges

 

Ton sourire ou ton âme
Ou tes yeux qui disent tout
Je ne sais plus vraiment
Ce que j’ai d’abord vu

La douceur ou la chaleur
Ou le temps qui nous oublie
Je ne sais plus vraiment
Ce que j’ai d’abord aimé

Le désir ou la ferveur
Ou la brûlure de la peau
Je ne sais plus vraiment
Ce que j’ai d’abord retenu

Le matin ou la nuit
Ou le reste de nos jours
Je ne sais plus vraiment
Ce que j’ai d’abord épousé

 

 

Je voudrais tant pouvoir prier
Qui je veux sans que l’on m’en veuille
Sans plus rien entendre éclater
Que des rires brûlant les deuils

Je voudrais bombarder le bruit
Fermer la porte des vacarmes
Murer toute cette folie
Et que la paix sèche mes larmes

 

 

Je les décrie
Tes absences, nos ombres, nos distances

J’ai des cris
Pour la colère, et pour la peine, et pour l’amour

Je les décris
Ta voix, tes bras, tes chaleurs
Ton regard, tes sourires, toute ta douceur

Dans tous mes mots, mes encres, entre mes lignes
Je t’écris
Toi

 

Tu t’es réfugié dans quelques mémoires
Tu as eu raison il y fait bien chaud
Il y reste toujours un peu d’espoir
Même là où le ciel est en lambeaux

Tu vis quelque-part où je te retrouve
Encore les jours où la peine couve

 

 

En gardant en éveil
Tes nuits près de mon cœur
Je t’offre pour sommeil
Mes rêves de douceur

 

 

 

 

 

 

Et puis la musique s’est tue
Là où la vie battait son plein
Dans un lieu où tapent les mains
Devant un café, dans la rue

Toute raison a disparu
La folie sans invitation
A tout tué sans distinction
Et puis la musique s’est tue

Mais jamais l’oubli ne viendra
Et la vie ne se taira pas

(13 Novembre)

 

C’est la feuille qui frôle l’air
La terre où tremble la lumière
La perle d’eau ornant la fleur

C’est de la tiédeur en hiver
La plaine qui lie la rivière
L’écrin de toutes les douceurs

C’est ça
Chaque fois
Tes mains
Sur moi

 

Dans tes yeux,
J’ai vu refleurir
Toutes les roses
De mes plaisirs

Contre ton corps
J’ai vu rosir
Toutes les fleurs
De mes désirs

 

 

Laisse les horizons attraper ton regard
Plus loin que tes pensées, plus haut que tes espoirs
Un seul mot peut toujours bouleverser l’histoire
Ce qui arrive enfin n’est parfois pas trop tard

Laisse ce qui compte rester ce en quoi croire
Les dérives cessent à la lueur d’un phare

 

 

Trait pour trait
Ligne après ligne
Au long des courbes
Qui s’apostrophent
Par deux poings
Sans exclamation
Et d’autres galbes
Dans un bruissement
Il écrit
Son corps

 

 

 

Si tu pouvais entendre
Le murmure au sein des boucans
Ce qui s’embrase même quand
Tu marches sur des cendres

Si tu pouvais savoir
Le goût de l’air après la pluie
Laisser aller ce qui finit
Sans arrêter de croire

Tu pourrais baisser les paupières
Briser les habitudes
Bannir les certitudes
Traverser toutes les barrières

Et tout en relevant les yeux
Sourire quand tout flanche
Et si l’horizon penche
Simplement caresser les cieux

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