Mots d’Automne

Les soupirs du soleil ocre le décor et, jour après jours, la nuit grignote le soir. Le retour des fraicheurs invite à raviver les âtres, et les frénésies estivales lentement s’apaisent. Et l’Automne saisonne au fil des mots.

Douce lecture et à bientôt dans les interlignes,

Carole

 

Viens, on s’en fout

On laisse brûler
Les entraves
Toutes nos trouilles
La route sous nos pieds

Ni toi, ni moi
Ni ce qu’on tient
Ni ce qu’on croit

Rien
Ne nous appartient

Rien
Ne demeurera

Alors
Puisque nous passons
Puisque tout aura bientôt
Changé

Soyons Nous
Et vivons

Viens, le monde est fou

Ses horreurs, ses plaies
Si nombreuses

Laissons-le
Périr sans nous
Nous ne l’avons pas
Choisi

Peignons le nôtre
Couleurs de Vie

Il existera
Au moins pour nous
Peut-être pour d’autres

Et peut-être pour tant
Qu’il deviendra

Réalité

 

Viens, c’est peut-être fou

Mais qui essaiera sinon nous

De croire encore
Que jamais l’espoir
N’est vain

Que même si c’est foutu
Aimer est la seule raison
Partager la seule façon

Alors prenons nos pinceaux
Nos coeurs, nos tripes, nos chansons

Recommençons
Tout
Autrement

 

 

Ces paniques
Qui sourdent sous les draps
Ces peurs que le soir
Réveille
Tes bras les enlacent

Ce que la nuit
Ressuscite parfois
Dans la blancheur
De sa mémoire
Tes bras l’enlacent

Et mon sommeil guérit
A la douceur de toi

 

Garde mon souffle
Et efface mes mots
Sur tes horizons
Là où le ciel
Epouse la terre

Enlace mes yeux
Et perds mes frissons
Dans tes immensités
Là où les vallées
Cisèlent la terre

Enivre ma joie
Et fais grandir la vie
Partout
Là où tu es
La Terre

 

J’aime quand
Tu chuchotes à nos corps
D’embraser les ténèbres
Et quand
Tes mains détourent
Mes lignes sans ambages

J’aime quand
Tu murmures à ma nuit
De confier ses pudeurs
Et quand
Nos peaux se grisent
D’indolences en audaces

 

 

Bien sûr il plut à grands flots de printemps
Souvent jalonné d’orages de joie
Mais dans ces contrées pendant trop longtemps
L’hiver a duré de manquer de toi

Bien sûr le froid a encore son règne
Mais sur nos lèvres à peine gercées
L’automne n’a plus qu’un goût de châtaigne
Et la pluie se dilue dans nos baisers

 

Écrire pour écrire
Substance d’apparence
La peine sans souffrance
Écrire sans rien dire

Aligner quelques mots
Qui résonnent, qui plaisent
Vérités ou foutaises
Qu’importe si c’est beau

Kilomètres à lire
Au rythme lancinant
Le cœur bat-il le temps
D’écrire sans rien dire

 

 

Tant de joie et puis tant de drames,
D’enfance noyée qui désarme,
D’émotion gravant dans sa trame
Sur les joues ses plus belles armes

Tant de débords en quelques grammes
Le bonheur lançant trop de charmes
La peine et tous ses épigrammes
S’écoulent au long de nos larmes

 

 

Ne retiens rien de moi sinon chaque douceur
Dont se revêt l’aurore au sortir de tes rêves
Ne porte en tes veines rien d’autre que la sève
Qui depuis mes regards coule dans tes ferveurs

N’aime de mon jardin rien de plus que les fleurs
Offrant à tes hivers chacune de leur trêve

 

 

 

L’âge ne nous apprend pas
La valeur des années
Mais celle de la présence

 

 

 

 

Aimons-nous
Pour

Ce qui de nous
Demeurera
Bien après nous

Ce qui nous
Aura grandi

Ce qui reste
Plus grand
Bien plus grand
Que nous

Ce qui ne tient
Ni dans les mains
Ni dans les poches
Ni dans l’ego

Qui nous dépasse
Depuis toujours
Pour toujours

 

 

Dans ce temps de repos aux accents de langueur
Lentement, comme un chat, aiment à s’étirer
Les heures blotties dans leur cocon de douceur
Où même la paresse s’est endimanchée

(Dimanche)

 

 

Tu m’attends là
Où je voudrais rester
Et seule ta voix
Ne blesse pas mes silences

Tu entrouvres les portes
Des lieux où je ne vais plus
Et mes boucans ont cédé
La place à ta musique

Ma terre guérit
Sous chacun de tes pas
Et quand je ne suis nulle part
Tu es partout

 

 

Ne laisse pas mourir tes fougues ni tes forces
Car il reste à venir encore bien des guerres
Sur une même branche, sous la même écorce
Nous nous assiérons lorsque vaincra la lumière

Vibrant du monde entier à l’aube d’un soupir
Nous verrons l’or renaître et tout l’hiver fleurir

 

 

 

 

 

 

Et tu auras des bras
Pour bâtir d’autres jours
Des chansons et des voix
En berceuse d’amour

Et tu auras deux coeurs
Pour ancrer ta maison
En un lieu qui demeure
Toujours et pour de bon

Et tu traces déjà
Un tout premier chemin
Qui relie pas à pas
Ta vie à un destin

 

Je resterai l’étreinte où puiser d’autres forces
Le lien qui nous unit mais jamais ne t’attache
Et si le mal entaille tes jours de sa hache
Je serai le bois qui rentoile ton écorce

Je veillerai la nuit et les lieux où se cache
L’amour que le temps choie autant qu’il le renforce

 

 

Je te donnerai la main
Pour traverser la rue
Pour traverser la vie
Pour que de l’autre côté
Tu sois sauf

Je bercerai ta nuit
Jusqu’au sommeil
Jusqu’à demain
Pour qu’au réveil
Tout aille bien

Je veillerai tes jours
De près, de loin
Gardant la lueur
Qui jamais
Ne vacille

 

 

Et depuis nos écrins
Nos abris ont bâti
D’indomptables tendresses 

Et depuis nos étreintes
Nos refuges ont revêtu
Une invincible douceur

 

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