En lumière et en fournaise, en bonheur de vagues et désastres de flammes, la belle saison aura clamé toutes ses fougues. Et tandis que s’apaisent ses élans dans les bras de l’automne, elle nous rappelle les mots qui l’ont accompagnée.
Doux Automne à toutes et tous.
Carole.
En quelques gouttes de lumière
L’obscurité s’est endormie
Dans une trainée de poussière
Le jour a renoncé au gris
Un fragment d’or en reflet d’yeux
Poudre l’instant de sa magie
Et veille les secrets des lieux
Sous ce regard sans plus de pluie
Ni prix, ni titre, ni gloire
Ne transcendent nos absences
Rien ne reste des victoires
Ou des semblants qu’on encense
Le temps laisse peu de trace
De tout ce qui fut, un jour
Même les écrits s’effacent
Seul se perpétue l’amour
N’écoute plus rien des tempêtes vaines
Des colères sans bornes ni répliques
Les vacarmes ne valent pas ta peine
Garde tes mondes peuplés de musique
Dans l’uniformité vendue
D’un monde qui n’existe pas
Gommées de Manille à Cuba
Nos unicités sont perdues
Pourquoi vouloir se ressembler
Quand nous ne sommes que richesse
Et si nous trouvions nos noblesses
Dans nos pluriels si singuliers
Dans les draps de brume des aurores diaphanes
Où les oiseaux chantent sur des musiques d’eau
Près des fleurs qui naissent grâce à celles qui fanent
Ma demeure est refuge et la vie, son tempo
Les froids y ont un feu, les saisons, un parfum
Et le temps en a même oublié le chemin
Vivre en couleurs et en mistral
De révoltes et d’espérance
Etre d’ici, d’ailleurs, d’errance
Seulement soi, en bien, en mal
Savoir un peu, apprendre encore
Au soir venu, laisser partir
Puisque parfois il faut souffrir
Ne reste qu’à aimer plus fort
Être
Tout près, plus encore
De la lisère de ton sommeil
Du prélude de tes aurores
De l’aube de ton premier regard
Tout près, au plus chaud
Mêlée à ton corps
Âmes contre peaux
Au bout de ton dernier regard
Tout contre
Et au plus près
De Toi
Par-delà leurs corps désunis
Sur l’amour dont le ciel s’entoile
Les amants déposent sans bruit
Leurs baisers lointains que dévoile
Le sillage de chaque étoile
Filant dans la paix de la nuit
D’autres mains, des sourires
Quelques fruits de la terre
Près d’une onde un peu claire
Et du feu pour tiédir
Une autre idée du mieux
De l’aide et du partage
Nos vies sans esclavage
Ont besoin de si peu
Et après
Reviennent en nos lieux
Le calme et son or
Et demeurer là
Retrouver l’attention
Du silence
Tant qu’il pleut
Des gouttes de lumière
Dans lesquelles
Danse la poussière
Des rires
Des pleurs
Du sel
De ce que nous sommes
Qui retombera
Pour faire partie
D’ici
Et la passion s’estompera
Le désir sera d’autres sortes
Jeunesse fermera sa porte
Et celle d’après s’ouvrira
Nos saisons déjà parcourues
Seront encore entre nos doigts
Nos regards teintés de vécu
Lieront l’amour de toi à moi
Quand elle s’évanouit, elle revient sans cesse
Et l’on connait toujours ses chants et ses vanilles
Ses peurs et ses monstres terrassés de tendresse
Ses rires en nos coeurs de garçons et de filles
On la croit disparue et pourtant elle habille
De ses éternités nos chagrins de vieillesses
De terre en étoile et de feu en fleuve
De glace en volcan et d’abysse en cime
L’arbre s’enracine tandis que pleuvent
Des nuées d’oiseaux frôlant les abîmes
De gorge en cieux et de sable en banquise
De vague en plaine et de roche en caresse
La force fourmille, renaît, se brise
Miracle de Vie, merveilleuse altesse
Emplie d’hiers sans pesanteur
Par une saison de paix
Aux reflets de tendresse
Je m’en irai vivre
A la douceur de tes jours
Et si tu pars sans vouloir revenir
J’allumerai tous les phares
Et quand tu voudras enlacer l’ombre
Je me souviendrai du soleil
Sont-ce les airs qui se balancent
Ou l’épi qui s’éprend du vent
L’été dans ses dernières danses
Au chaud de quelques bruissements
Les pleins soleils déjà renoncent
Encore un peu à accabler
Les herbes qui entre les ronces
Attendent de s’ensauvager
Je t’en prie, grave en toi, partout
Les yeux fermés, le coeur battant
Ce qui sera encore à nous
Lorsque sera passé le temps
Surtout ne laisse pas partir
Ces doigts tremblants ni ces jours ivres
Peins avec moi les souvenirs
Qui resteront encore à vivre
Les fournaises s’enfuient quand l’été y renonce
Et face au soir le jour ne lutte plus autant
Se panse la brûlure et d’autres temps s’annoncent
D’eau, de doux, de fraîcheur, aux matins plus patients
Les vendanges passées, les feuillages se froncent
Apprêtant leurs ors à l’automne frémissant