C’est dans l’anormale douceur de cet hiver que se sont déposées quelques phrases, quelques bouts de pensées, peut-être quelques poésies.
De quoi accompagner nos pas sur la route qui, par des détours humides et venteux, mène à d’autres courbes printanières.
Joli mois de Mars à tous,
Au plaisir de vous croiser, dans les interlignes…
Carole.
Choieras-tu à nouveau la rigueur hivernale
Et les bises giflant l’épaisseur des lainages
L’été en bandoulière au printemps d’un naufrage
Dans un cadre de givre entouré de ton châle
Près de tes pâleurs lentes où le temps vient dormir
Blanchiras-tu encore d’autres vierges empires
Elle voudrait au long de ses doigts
De l’eau qui dégouline
De la pluie qui délave
Elle voudrait au long de ses yeux
De l’horizon de feu
D’autres regards qui brûlent
Elle voudrait près de ses oublis
Des quiétudes de victoire
Des songes d’aube
Que rien
Ne réveille
En ses joues sillonnées par des perles de pierre
Seule la pluie déverse encore ses prévenances
Elle contemple les ombres et mime leurs errances
En figeant les secondes entre les doigts du lierre
Je veux des étreintes
Au creux de tes alcôves
T’offrir le chaud en hiver
Et tous mes horizons
Etre nue sous tes yeux
Et couverte de tes douceurs
Si je rêve contre toi
Et si par mes réveils
Tu devais disparaître
Alors laisse mon sommeil
Toujours t’appartenir
J’espère
Que d’autres nuits frémiront
Dans l’attente d’un demain
Que d’autres terres viendront
Déconstruire mon chagrin
J’espère
Que d’autres chœurs naîtront
De battements, de soupirs
Et que d’autres communions
Érigeront des souvenirs
Si le temps s’abroge et si le matin se perd
J’offrirai au vent des rafales de musique
J’épouserai tes bras sans raison ni logique
Je réchaufferai l’été contre tes hivers
Pour que tes lueurs écorchent l’obscurité
Je viendrai draper tes aubes d’éternité
Si la solitude
Était l’écrin des fins
En ces temps où trône
Tant d’absurde et d’immonde
Si le silence
Vacillait d’un seul cri
En ces urgences en larmes
Pour quelques miracles
Si l’amour
Sauvait ce qui demeure
En ces lieux où repose
Toute la beauté du monde
Toi pour qui s’épousent
Les pléiades
Et les abysses
Toi qui hurles
L’indomptable berceuse
De tous les éternels
Toi qui déferles
Sur nos futiles
Nos arrogances
Et nos frayeurs
Toi qui réunis
L’enfer et la terre
La vie et le ciel
Et toutes les majestés
(Ode à la Mer)
Dans le ballet de caresses où nos nuits blanchissent
Quand la soie mise à nue embrase les étoiles
Les velours s’épanchent sous les paumes et les voiles
Vêtant d’abandon nos peaux et leurs précipices
Si l’espace s’évide
Sans plus de colmatage
Si l’espoir se suicide
Dans tous mes naufrages
Je creuserai quand même
Les sables du temps
Si mes douleurs sont telles
Qu’elles ne font plus mal
Si s’absout le ciel
Dans l’eau et le métal
Je mêlerai quand même
L’Enfer à mon sang
Juste un regard
Un regard de plus
Un rayon de soleil
Sur des moments perdus
Engourdis de sommeil
Une percée de lumière
Une ombre mise à nu
Où danse la poussière
Et où rien n’attend plus
La croisée des hasards
Au bord de l’inconnu
Juste un regard encore
Un regard de plus
La nuit gardera pour elle
Les douleurs d’absence
Les doutes, les déraisons
Les solitudes immenses
La nuit gardera pour elle
Les espoirs égarés
Les manques, les lassitudes
Le mal d’hier
La nuit gardera pour elle
Le silence des secrets
Et l’envie qu’elle
Ne s’achève pas
Dans les jardins volés
Au secret des émeraudes
L’ espoir s’est ancré
A tous les antipodes
Dans l’eau des fontaines
Les larmes des anges
La pluie telle une traîne
Mêlent leurs louanges
Aux confins d’un amour
Que gravent les écumes
D’or et de toujours
Se dissout l’amertume
Ma paume cherche ta main quand nos ponts chancellent
Tes mers sculptent mes rires en amassant mes larmes
Quand mon aube te veut pour éveiller mon ciel
Quand tes guerres me prennent pour compagne d’armes
Je jalouse les oiseaux
De déployer le ciel
Tous les lacs dont l’eau
Irise tes prunelles
Je jalouse les sommets
D’accrocher les nuages
Et chacun des traits
Que cisèle ton visage
J’envie l’éternité
De tant et tant d’amour
Et les nuits étoilées
Des songes de velours
Et je vois partout
Nos images et nos passés
Je t’entends sans même te parler
Je te sens sans te caresser
Je ne manque que de te voir
Je ne manque de rien de plus
Parce que tu seras toujours là
Parce que tu n’es jamais loin
Parce que l’amour peut tuer
L’oubli
Elle a des manches trop longues
Des mèches volantes
Un haut qui se fout du bas
Des chaussettes multicolores
Elle a des manches trop longues
La terre lui peint les doigts
Elle barbouille la pluie
De couleurs de songes
Elle a des manches trop longues
Et sait ce que conte
Le vent
Et dans sa forteresse il la berça longtemps
Si longtemps que la pluie se tarit dans le vent
Si longtemps que le temps vint à les oublier
Si longtemps qu’ils aperçurent l’éternité
N’entendez-vous pas
Le sol se fendre
Le printemps se taire
Les vents rugir
N’entendez-vous pas
La terre suffoquer
L’océan supplier
Les arbres implorer
Ne voyez-vous pas
La dévastation partout
L’agonie d’un monde
Dont nous avons tué
Chaque prière
Et tous les dieux
N’entendez-vous pas
Le silence emplir l’air
L’azur s’émietter
La montagne s’éventrer
N’entendez-vous pas
Les sirènes hurler
Le râle de la vie
La glace craquer
Ne voyez-vous pas
La beauté qui meurt
La détresse d’un monde
Dont nous avons tué
Chaque prodige
Et tous les cieux
Ne donneriez-vous
Les avoirs, les pouvoirs
Pour une aurore encore
Pour une seule résurrection
Ne donneriez-vous
L’inutile, le vain
Pour des battements d’ailes
Pour les matins d’un monde
Dont nous aurions sauvé
L’essence
Et les miracles.