Les irruptions printanières ont cette année chassé de bonne heure les rigueurs hivernales, et Février s’est bien souvent paré d’atours d’Avril.
Les mots se sont posés sur l’allongement des jours, et s’offrent aujourd’hui à vos regards, en espérant y lire du plaisir, dans l’attente des prémices du printemps.
Bonne fin d’hiver…
Contemplez-le
Déployer ses anses
Et ancrer ses pieds humides
A la terre et ses saisons
Ecoutez-le
Le bruissement dans sa voûte
Le chant de ceux qu’il veille
Le vacarme des bourrasques
Ressentez-le
Frémir et respirer
Murmurer sa sérénité
Et toute nos histoires
Les idées qu’on oublie
Les gens qu’on ne retient pas
Les carrefours qui se croisent
Les bleus qui restent
L’amertume qu’efface
Les guerres qu’on gagne
Quand tout est perdu
Les présents qui palpitent
Et l’envie qui bouillonne
Rien n’est fini
Tant que l’aube
Vibre encore
Même si j’ai peur
De tout ce qui ne nous suit pas
De tout ce que je ne suis plus
De tout ce que tu ne sauras pas
Rien ne peut m’arriver
Tant que tu touches
Du bout des doigts celle que tu suis
Du bout des lèvres celle qui te suit
Du bout du cœur celle que je suis
Toutes ces heures invisibles
A hurler en sourdine
Cette détresse inaudible
Du sang plein les épines
A prier jusqu’à l’aphonie
Pour la mort du désastre
Pour une conscience bénie
Le ciel et tous ses astres
Un bouquet de frissons
S’épanouit dans tes sens
Tu butines avec patience
Chaque pétale de passion
Tu effleures le haut
Des bas, et des langueurs
Pour cueillir sans pudeur
Les fleurs de ma peau
Mes étoiles voguent
Sur un vaisseau de papier
Fendant l’océan des cieux
De sa proue de lune
Son sillage constellé
De coton et d’azur
Il mène à travers songes
Ses passagères astrales
Bercées sur le pont
Par les marées célestes
Mes étoiles contemplent
Le reflet des comètes
De rails en travées comme de wagons en gares
D’arrivées en départs, de pays en montagnes
Tout se côtoie, se mêle, se retrouve ou s’égare
En ces chemins croisés de fer, ces quais hagards
Des traits anonymes, des valises rangées
Des fuites clandestines, des retours, des allers
Ces ombres de passage, un instant ont laissé
Des pensées sur les berges tant de fois foulées
Touche-moi
Pose tes mains
Sur l’anse de mes désirs
La soie de mes déchirures
Je veux sentir
Tes lèvres respirer ma peau
Mes baisers retenir ton souffle
Mes fièvres consumer tes tempérances
Je veux le monde
Niché dans les courbes
De mes hanches
Entre tes paumes
Je veux lâcher
Toutes mes prises
Sans d’autres alcools
Que nos ivresses
Plic ploc
Ploc plic
Je décompte les gouttes
Quand leur lourdeur écrase le sol
En effleurant mes pas
Tic Tac
Tac Tic
Les secondes trottent sur les chiffres
Traînant la vie par la manche
Plic Tac
Tic Ploc
Les retards peuvent bien
Tremper mes heures
J’ai fermé mon parapluie
Ne reviens pas trop vite
De tes autres parts
De tes excès
N’efface pas trop vite
Tes palettes et tes ardeurs
Tes possibles et tes courages
N’oublies pas trop vite
Tes candeurs
Tes appétits
Tes peut-être
N’éteins pas trop vite
Tes flammes
Tes ivresses
Et toutes tes fureurs
Lions nos chevilles pour d’un seul pas marcher
Et joignons aujourd’hui nos envies de demain
Ligotons l’espoir à l’avenir des matins
Qui tissent nos rêves en brins de réalité
Réfutons l’inacceptable, tout peut changer
Faisons des funestes sirènes des menteuses
Arrêtons ce qui brûle, qui coupe et qui creuse
Inventons les possibles, il est temps d’exister
Que pense-t-elle
L’eau de son regard
Au-delà des fenêtres
Du lointain
Elle n’est plus là
Depuis longtemps
Qui traverse ses songes
Quels sont les parfums
Du vent qu’elle respire
Elle vole
Depuis longtemps
Vous la regardez
Elle vous voit
Elle est ailleurs
Depuis longtemps
Il est trop tôt
Pour nos coïncidences
Nos doutes et nos distances
Peut-être nos regrets
Il est trop tard
Pour les écueils
De nos manques
Et pour chaque raté
Il est temps
Pour n’être rien
Que ce que nous sommes
Et nous aimer
Juste pour ça
Je suis funambule
Deux foulées devant
Quelques pas de recul
Entre éther et néant
Je porte dès le matin
Les ballerines que courbe
La ligne de l’incertain
Les faux-pas si fourbes
L’âme à bas des hauts
Le cœur en haut qui bat
A l’autre bout du chapiteau
Quelqu’un m’attendra
Je ne dors pas
Parce que la fatigue m’étreint
Ou parce que les songes
Scellent mes paupières
Je ne dors pas
Parce que la nuit saupoudre
Mes draps de sommeil
Ou que la Lune
Allaite le ciel
Je ne dors
Que parce que tu veilles
Mes abandons
Et que tes bras
Serrent mes aubes
J’ai ton âge
Et la couleur
De tes yeux
Quand tu ne savais pas
Combien d’autres matins
Vivraient ta chair
Quand tu étais là
Toujours là
Guerrière armée
Décimant les peines
Mettant en joue
La douleur et la peur
J’ai l’âge
Que tu avais
Et dans mes yeux
La couleur de ta force
Est ma fierté
Par-delà les tempêtes
Les ouragans, les apesanteurs
Je danserai encore
Dans les ténèbres
Les étaux, les enfers
Je rêverai encore
Et quand il n’y aura
Plus de fleurs
Ni de soleil
J’inventerai des jardins
Et quand il n’y aura
Plus de lune
Ni d’aurore
Je peindrai des étoiles
#6mots
Les mots
Je les fais vriller
Je fais des e-vers
De saison
Demeure parfois la sensation
D’être invisible…
Et vous ? Ne comprenez-vous pas ?
Que nous sommes son éternel débiteur
Que notre découvert finance notre extinction
Et vous ? Ne l’aimez-vous pas ?
Elle que nous pillons sans vergogne
Quand elle nous offre pourtant tout
Méprisant le miracle que nous foulons
Et vous ? Ne l’entendez-vous pas ?
Tousser, s’étrangler, se noyer et brûler
Agoniser et pleurer de nos indifférences
Et vous ? Ne souhaitez-vous pas
Etre de ceux qui refusent d’éteindre
Les étoiles et qui espèrent encore
La sauver,
Vous sauver,
Nous sauver
Fais-moi tendresse
Médaillon de douceur
Fais-moi féline
Bulle de langueur
Fais-moi diablesse
Ton amie intime
Fais-moi câline
En mouvements sublimes
Fais-moi musicienne
Égrenant nos notes
Fais-moi tienne
Poison et antidote