L’effervescence humaine de la fin d’année laisse place à la pause régénératrice qui s’étend partout. On rajoute des épaisseurs sous les épaisseurs au fur et à mesure que le thermomètre hisse le pavillon en berne.
Mais en silence, tout doucement au cœur de l’hiver, le jour grappille un peu de temps…

Pour débuter cette nouvelle année, saupoudrés de givre et abrités sous la voûte d’un parapluie, voici en présent les Mots de Janvier.

En espérant que leur lecture s’inscrive dans un agréable moment,

Carole

 

Chut
Le matin couche avec patience
La brume qui s’éveillent

Chut
Les chuchotements du silence
Se faufilent entre les pierres

Chut
Même les cris sont sans bruit
Un bruissement aux oreilles

Chut
Rien ne peut être dit
Que le silence des prières

 

Si tu pouvais voir
Par-delà ses fenêtres
Le vent gonfler les plumes
Des oiseaux sauvages
Qui peuplent ses cieux

Si tu pouvais sentir
La magie qu’elle distille
Du bout de ses doigts
En poudrant la nuit
De traînées de sortilèges

Si tu pouvais suivre
Sa route pleine de soleil
Et cheminer près d’elle
Sans piétiner de fleurs
Ni effacer de traces

Si tu pouvais savoir
La bruine sous ses paupières
Ses mondes rien qu’à elle
Où l’air est un abri
Les avions, des abeilles

 

Mots de lune
Quand le jour frémit
Au sommeil de la nuit

Mots de pluie
Quand les peines se mêlent
Aux larmes du ciel

Mots de sable
Quand l’océan lèche la terre
D’écume et d’éternité

Mots de lumière
Quand les prières se murmurent
A l’ombre de l’attente

 

 

Dis,
N’as-tu jamais peur
Des tranchants de lame
Des plus jamais
Des abysses

Dis,
Ne donnerais-tu pas
Tout ce que tu as
Tes tripes et ton sang
Pour une bouffée d’encore

Dis,
Ne laisserais-tu pas
Le diable arracher tes rêves
Pour que plus une fois
Ne s’invite l’absence

 

Mes errances
Mes erreurs
Et tous mes faux pas

Mes doutes
Mes paniques
Et tout ce que je dois

Mes rébellions
Mes colères
Et chacune de mes larmes

Mes froncements
Mes désillusions
Tout ce qui me désarme

Tout ce que tu es
Seul à savoir

La nuit le brûle
Entre tes bras

 

 

 

Je pourrais t’écrire
Des mots d’amour sucrés
Ceux qu’on aime entourer
D’un cœur à retenir

Je pourrais te dire
Que je t’aime chaque jour
Orner tous mes discours
De béats sourires

Mais je ne t’offrirai
Pas un mot

Pas un mot
Sans l’ombre de mes paupières
Pour brûler tes colères

Nos entrelacs de doigts
Pour tes résurrections

Pas un mot
Mais le temps de mes jours
Pour suspendre tes heures

Mes folies quotidiennes
Aux routines défaillantes

Le sillage de nos pas
Au long de nos détours

Aujourd’hui
Est partie de moi
Une part d’essence

Aujourd’hui
S’est ouvert dans mon cœur
Une plaie sans suture

Aujourd’hui
A disparu de mes jours
La substance d’une plénitude

Et demain
Reprendra ses droits
Un quotidien
Teinté d’absence

 

 

Un café s’il vous plait
Auréolé de noir
Ou noyé d’un nuage
Aux volutes de noisette

Un café s’il vous plait
Même s’il n’y a plus ni sucre
Ni crème à mêler
A ces sombres tréfonds

Un dernier s’il vous plait
Encore un réconfort
De force et de chaleur
Entre mes doigts serrés

 

 

 

Tant que la lune aura
Du soleil plein les poches
Et que des reflets vivront
Des sentiments des iris

Tant qu’à peine entrouverts
Les volets céderont à la lumière
Et que des paumes s’ouvriront
Sans crainte et sans attente

Il y aura
Des fleurs à éclore
Au crépuscule des innocences

 

Derrière la colline
Des femmes vident
Des bouteilles de labeur

Elles incorporent le temps
A d’autres pensées
Pour délayer l’attente

Leurs pudeurs taisent l’espoir
Que se desserrent la mâchoire
Qui leur empoigne le cœur

Que reparaisse celui qui
Ne reviendra peut-être pas
Derrière la colline

 

Parce que j’y oublie
Que le temps existe
Qu’il nous rattrapera

Parce que j’y oublie
L’hémorragie du monde
Tout ce qui s’éteint

Parce que j’y oublie
De ne plus espérer
De me résigner

J’ai laissé mes barrières
Tomber aux portes
De tes bras

 

Les lueurs s’effacent
Derrière les marches noires
De l’encre du monde

Le silence rampe
Jusqu’à se libérer
Et envahir les rives

Le temps s’emplit
De songes et de quiétude

Jusqu’à se dissoudre
Aux portes du jour

 

Ma peau contre ta force
Je n’ai plus besoin de croire

Mes songes effleurant ta grâce
Je n’ai plus besoin de rêver

Mes pas emportés par ton air
Je n’ai plus besoin de voler

Mes maladresses oubliées par ta noblesse
Je n’ai plus besoin de tricher

Il ne me reste
Qu’à apprendre

Je t’aime parce que tu es
Sans soumission, sans compromis
Tel que la vie t’a bâti

Je t’aime parce que tu as
Ces ombres que mes lueurs éclipsent 
Ces folies qui nous vont si bien

Je t’aime parce que tu embrasses
Celle que je suis
Mes atypies
Comme mes silences

 

#6mots

A peine un soupçon de gouache
Dans l’écume d’un café noir

A peine une once de pastel
Pour pâlir le rouge du vin

A peine quelques mo(ts)saïques
Pour noircir tant de pages blanches

Des plumes d’argent juste envolées pour
A peine frôler l’or du silence

 

 

Un peu de laine
Quelques aiguilles

Et des pelotes
Tout en couleurs

Des fils intriqués
De douceur moelleuse

De l’amour habile
Et des précautions

Il ne faut
Rien de plus

Pour tricoter
Les mailles
D’un cœur

Toutes les éternités
Se sont croisées

Enlacées à jamais
Egarées quelque part

Entre la roche
Et les écumes

Entre la nacre
Et la lumière

Ce qui palpite
Et qui s’échappe

A la courbure
De deux sourires

Là où le temps
S’est dissous

Où les brindilles
Fondent des forêts

 

Des choix, des murs, des années
Des armes, des larmes, des idées
Et du temps, pour y songer

Des enfants, des printemps, des musiques
Des voyages, des courages, des briques
Et des nuits, pour en rêver

Des flammes, des drames, des décors
Des frissons, des passions, des encores
Et de la fièvre, pour vibrer

Des passages, des naufrages, des espoirs
Des erreurs, des bonheurs, des déboires
Et puis de l’amour, pour continuer

 

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