Mots de Mars

Les torpeurs hivernales s’éteignent lentement dans les regains de sève, et sur la palette des paysages, par petites touches, les teintes se réveillent.
Les tiédeurs retrouvées extirpent le monde de la paix du sommeil.
Le printemps prend son envol dans toute sa délicatesse…

C’est pour ma part, toujours un moment particulier.

D’autant que ce printemps voit le premier anniversaire des Mots du Mois, débuté en mars 2018.

L’occasion d’en partager de nouveaux, avec vous.
Vous qui, un an plus tard, parcourez toujours mes lignes.
Ou vous qui, peut-être, me découvrez aujourd’hui.

L’occasion de vous dire, à tous, simplement Merci.

Que le printemps vous porte,

A bientôt dans les interlignes,

Carole.

 

 

Respirer
Enfin

Savoir
Que je ne sais rien

Vouloir autant
Disparaître aux tréfonds des nuits
Que dévorer l’asphalte du jour

Crier
Tout ce que j’espère encore
Tout ce qui bout dans mes veines

Et peindre de mes doigts
De sueurs, de larmes, de sourires
La toile de tous mes éveils

 

Allume
La splendeur
Toutes les lueurs
Et toutes les ombres

Éteins
Les clairs sans obscurs
Les pâleurs trop diaphanes
Et toutes les ténèbres

Emplis
Les immensités de vide
Les siècles de secondes

Frôle
De tes attentions
Les évanescences

Demeure
Partout
Nulle part
Ailleurs

 

Il faudra parfois
Apprendre du temps
A desserrer les poings
Pour le laisser filer

Il faudra peut-être
Comprendre que nos destins
Sont d’abord agrippés
A nos manches retroussées

Il faudra souvent
Que les larmes sourient
Offrir sans rien avoir
D’autre que soi-même

Il faudra encore
Vouloir se relever
Douter de chaque guerre
Et se battre quand même

Il faudra surtout
Armer nos patiences
Larguer nos défiances
Confier nos amarres

Il faudra toujours
Livrer nos songes
Aux nuits constellées
De l’écume des jours

 

Le monde où je vis
N’existe pas

Il y grandit
Des enfants sans guerre

Il y vit
Des êtres sans extinction

Il s’y partage
Des valeurs et des savoirs

Il s’y promène
Des musiques et des magies

Il s’y meurt
La peur et la destruction

Je vis dans un monde
Qui n’existe pas

Je me souviens d’autres printemps
De notes échappées d’un piano
Mêlées de pétales et d’eau
Gardiennes des mémoires du vent

Celui-là s’impatiente déjà
Dans les prémices de résurrection
Sous la plume que le froid a épargné
Dans le frisson des tiédeurs
Et la musique des fontaines

 

 

Aujourd’hui, la beauté
C’est l’aube du crépuscule
Nocturne préambule
Des immortalités

Aujourd’hui la beauté
C’est l’air qui transporte
Les notes et ses escortes
Au temps décomposé

Aujourd’hui la beauté
C’est l’espoir qui gronde
Les alchimies du monde
Aux grimoires abîmés

Aujourd’hui la beauté
C’est de croire toujours
Par les nuits de velours
Aux promesses étoilées

 

Pourquoi
Un mot
Un souffle
Si souvent

Pourquoi
Y a-t-il une ébauche
Un murmure
Les contours
D’une clef

Pourquoi
Quel est le sens
La raison
Et ses lois 

Pourquoi
Les parce que
Sont-ils vides 
Si souvent
Si souvent

Et pourtant
Tout s’explique
Et pourtant
L’évidence subsiste 

Et les réponses explosent
Dans ces fragments d’éternité
Où tout existe

 

Je sais qu’il y a plus

Que les bulles éclatent
Dans un ballet d’étincelles
Que des mains les recueillent

Que les cendres sont des flammes
Que les braises ont oubliées

Que tout n’a pas de prise
Qu’il est des renoncements sans lâcheté
Qu’il faut parfois laisser partir

Je sais qu’il y a plus

Que la pâleur des habitudes
Que ce qui nous ligote

Que ce que l’on possède
Que les raisons qui s’échappent

Que peut-être, nous comprendront plus tard
Que sinon, peu importe

Parce que plus tard
C’est déjà trop tard

Je sais qu’il y a plus

Que chaque prison a une serrure
Que les verrous tournent
Que la liberté s’arrache à mains nues

Je sais qu’il y a

De l’amour enlacé à l’aurore
De l’espoir derrière les portes closes
Des encores, sans jamais de toujours

Et toujours plus encore

 

Les fleurs cueilleront des nuages
Et l’onde n’attendra plus jamais
Les tempêtes envoleront les naufrages
Les douceurs rapiéceront les plaies

Les comètes se dépêcheront
Elles sont toujours en retard
Les cieux croiseront des ballons
Chargé de printemps, arrimé aux phares

 

 

A côté
Tout près
Au bout des doigts

Ca chatouille
Ca étire
Le coin des lèvres

Ca fait voler
Les papillons
Et les étoiles

Ca fait vibrer
La mélopée
Des jours meilleurs

Ca fait trembler
La peau
Et les frissons

Ca effleure
La terre

Et l’espérance

Un printemps comme un million d’années
Une ère de rêve sans sommeil
Les couleurs au vol des abeilles
S’éveillent des langueurs passées

Les froideurs retiennent leur souffle
En franchissant le seuil du soir
Les écharpes regagnent les armoires
Près de l’hiver qu’elles emmitouflent

 

 

Dans mes déluges
S’écoule une rivière
Aux îles de refuge
Aux rives solitaires

Mon cœur impie,
Aux croyances solaires
S’enivre de feu, de pluie
Des soupirs de la Terre

Je joue des sortilèges
Au violon, des prières
Incantations d’arpèges
Je suis louve ou sorcière

 

Où es-tu
Toi l’ailleurs
Chimère des boussoles

Qui es-tu
Toi l’autre chose
Dont s’inspirent mes fugues

J’ai arpenté
Tant de sentiers
Les yeux noyés de paysage
La liberté déferlant dans les veines

Partie et revenue
J’ai chéri
L’addiction des vertiges
Dont la route est pavée

 

Ses voyages bouquinent
Des refrains de labeur
Des couplets de routine
Des strophes de par cœur

Sa voix déraille
Lorsque le métro nomme
Au doux tempo des rails
Un trajet palindrome

Ronronnant sa berceuse
Aux belles amoureuses
Qui rêvent qu’il s’égare
Au loin, vers d’autres gares

 

Il est tant d’amertumes
De roses cent fois fanées
Mais au bout de ta plume
Vivent des ailes ressuscitées

Il est tant de détresses
Et de silences limbiques
Mais sous tes caresses
Vivent des notes de musique

Il est des heures d’orfèvre
Et des siècles à souffrir
Mais au coin de tes lèvres
Vit le miel des sourires

Il est tant d’irréel
Et d’ombres vagabondes
Mais pour tes prunelles
Vit la beauté du monde

 

J’écris
Quand le ciel des nuits blanches
Emplit mon encrier
Quand ma plume se pare d’ailes
Et mes feuilles d’autres mondes

J’écris
Quand le vin embaume les lettres
Que les pierres se gorgent de musique
Même quand les mots deviennent vains
Et que l’écho des phrases
Se meurt de silence

 

Tant de choses qui s’échappent
Et tant de dérisoire

De destinations
Devenues nulle part

De brumes
Pour quelques percées

Et de bases ébranlées
Et de rampes glissantes

S’arrêter
Chercher l’air

Ne plus réussir
A se débattre
Encore et malgré tout

Devenir
Et demeurer
Imperceptible

 

Je rejoindrai l’oubli
Si je n’ai plus rien à rêver
Et la nuit
Si la lumière renonce

Je rejoindrai les songes
Si le vrai les ignore
Et les ténèbres
Plutôt que les pâleurs

Je rejoindrai le néant
Si tout nie l’essentiel

Et les abysses
Quand les cimes
N’auront plus le vertige

 

Seras-tu
Là, dans la tempête
Auprès de mes sourires
Dénouant mes défiances

Sauras-tu
Épouser mes absences
Pardonner ce que je ne sais être
Et ce que je suis bien trop

Essaieras-tu
De faire rimer ma prose
Avec l’accent de tes murmures

Voudras-tu bien
Ne pas me rattraper
Me faire danser
Sur les cendres
De ce qui a été

Et malgré tout
M’aimer e
ncore

 

 

De papillon en fleurs
Je butine mes heures
Ma mémoire effleure
Des grâces et des heurts

De nuage en voyage
Je plane au fil des airs
L’amour dans mon bagage
Des larmes en bandoulière

De toiles en paysages
Je mêle les couleurs
Et de mes yeux l’otage
Beauté jamais ne meurt

 

 

 

#6mots

Tout va vite
Jour et nuit

Et pourtant
Plus rien ne dure

Nous vivons dans une
Inertie instantanée

Tout le monde
Veut tout savoir

Mais tout le monde
S’en fout

Nous vivons dans une
Omniprésence indifférente



Mais je n’ai
Plus de rives

L’eau claire au-dessus
Des sombres fonds

Horizon et terre
Pour seuls caps

Ballet des crêtes
Nausées des creux

Et tout tangue
Et tout glisse

Dans ce voyage
Je sais que

Mes amarres n’accrochent
Que tes doigts

 

Morsure acide
Sel amer
Lueur affadie

Miel devenu insipide
Vols sans vertige

Récidive lessivant le labeur
Des plumes 

Il en faudra
Des ardeurs folles

Et des audaces
Et des sutures

Encore plus d’espoirs
Impossible à déchoir

Pour continuer
Et toujours
Y croire

 

 

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