Mots de Novembre

Flic floc… Et voici dépoussiérés les imperméables et autres cirés qui retrouvent toutes leurs lettres de noblesse.
Tandis que les feuilles de terre et d’or poursuivent leur ballet, quelques mots ont trouvé place parmi les gouttes et leur ruissellement au long des vitres embuées.

Vous pourrez ici les entourer de dessins tracés du bout des doigts…

Bel automne et bonne lecture à tous.

 

 

Je vais trop vite
Pas assez
Je m’en moque

Je fais du mal
On m’en fait
Ça me touche

Je connais
La peur, le courage
Parfois nié

Je ne crains pas
Les déroutes
Les écarts

Les routes qui ne sont
Ni parallèles, ni comme
Celles que vous connaissez

Je vis
J’aime
Je suis
C’est tout

 

Quel reflet ornerait vos regards
Si vous voyiez les peintures

Que motiverait vos guerres
Si vous connaissiez chaque bataille

Que resterait-il de vos rêves
Si vous saviez l’espoir

Verriez vous l’ombre de l’amour
Si vous ressentiez les âmes ?

 

Grandit ce manque qui creuse
Et le cœur et les viscères
Que les images font croître
Autant que l’injustice

Et tout ce que personne ne sait
Et tout ce que d’autres croient
Et tout ce qui bouscule

Ce qui n’est pas compris

Pas sans douleur
Mais sans haine
Marcher quand même

 

 

Il enveloppe les parages
Dans sa couverture
D’ocre et de pourpre

Et emplit l’air
De terre humide
Et d’eau terreuse

La lumière s’incline
Dans la douce dorure
Qui chuchote à son feuillage
La berceuse de l’été
Et la nuit grignote
Le jour devenu pressé

 

Tu as les questions
A toutes mes réponses
Et le vent
De chacun de mes souffles

Tes pas
Sont mes empreintes
Et ton horizon
Tous mes regards

Tes incendies
Rallient mes flammes
Et ton épée
Tranche mes combats

Tes rêves
Dérobent mon sommeil
Et tes bras
Enserrent mes réveils

 

Et des mots
Pour dire quoi ?
Ce qui ne se dit pas ?
Ce dont les paroles se démunissent ?

Et des phrases
Pour quels yeux ?
Ceux qui lisent malgré eux
L’indicible et les interlignes ?

Et des lignes
Sur quelles parallèles ?
Celles qui s’entrecroisent
Au creux des paumes ?

 

Elle attend comme on espère
Au long des rails indifférents
Elle entasse dans des malles légères
Des rêves en vrac, des trains de temps

Elle attend comme on espère
Aiguillant de ses doigts
La lumière d’un quai désert
Et la pluie qui l’oubliera

 

Il y a
Ces marches dévalées
Aux infinis paliers
Aux rebords d’acier
Mais je tiens la rampe

Ces solitudes acides
Qui escortent la nuit
Ces prisons silencieuses
Mais je tiens la clé

Ces routes sous mes pas
Dénuées de destination
Sinueuses, insensées
Mais je tiens ta main

 

Le temps et ses silences
Gommeront avec soin
Les empreintes laissées
Dans le coton du ciel

Et toutes nos importances
Ne sauront jamais rien
Des fondements, des nuances
Des interstices et des toujours

 

 

 

 

Elle s’habille des couleurs
De l’automne qui oublie
Encore un peu l’hiver
Et allume l’éther
D’une palette de grâce

Et l’horizon de fougue
Qui a épousé ses yeux
Elle l’atteindra toujours

Elle qui frôle la terre
Tant qu’on croirait parfois
Qu’elle craint de l’écorcher

 

 

 

Il me parle d’ancrage
Je danse sur le pont

Il me parle de temps
Mon oubli l’emporte

Il me parle de demain
Mes réveils se blottissent
Dans ses bras

Il me parle de route
Mes valises trépignent

Il me parle de liberté
Mes prisons s’évadent

 

Une parenthèse ouverte
Pour faire le point
A mis l’accent
Sur les interrogations
D’un rêve en pointillés

Puis tes exclamations
Ont ponctué
Mes lignes qui s’en retournent
Mes mots sans guillemets

Et chaque virgule
Même minuscules
Soulignent encore
Les traits qui nous unissent

 

Un cœur en corolle
Au milieu des flammes en fleur
Des colères qui caracolent
Parmi les souffles qui effleurent

Les pourpres se déploient
Dans le fouillis des feuilles
Parsemés de plumes et parfois
De filaments d’or qui s’effeuillent

 

 

 

Mes envies n’ont pas de trêve
Je crois les nuages et les signes
Mes idées comme mes rêves
Débordent des cases et des lignes

Au milieu de tous mes doutes
Je garde même si c’est étrange
Mes contradictions qui déroutent
Mes convictions qui dérangent

Et mon cœur
Un peu trop grand

 

J’écris
Jusqu’à ce que les mots m’enivrent
Que les lettres exorcisent
Les chapitres inachevés
Les paroles muettes

J’écris
Les phrases que mon sang grave
A l’encre de mes veines
Ce qui dévore, ce qui enchaîne
Tous les débords et toutes les flammes

 

Si le paradis se mérite
Si du labeur dépend le salut
Si les douleurs ne s’éludent pas
Vibre encore

Si le poids s’enchaîne aux épaules
Si le lest est de plomb
Si les ailes se déploient froissées
Résonne plus fort

Dénoue ce qui te tient le ventre
Relie ses cordes à ton cœur
Et offre-le 
A chaque touche

 

Dévaler des vallées
Raisonner nos deux mains
Pour que demain résonne
Du devoir de voir
Dans vos yeux les cieux

Dévider des vides et
Dévoiler des voiles
D’étoiles et des toiles
Aux teintes jamais éteintes

 

Tu es venu comme se lève la brise
Souffler sur mes regrets acerbes
Voler mes peurs indécises
Pour les parsemer dans l’herbe

Tu es reparti comme un rai de lumière
Qui n’a vaincu les nuages
Que d’une percée éphémère
Qui noie encore mon paysage

 

 

 

 

Pas un ne sait
Le prix de tes paroles
Le vertige des autres
Ce que tu combats
Certains jours plus que d’autres

Pas un ne sait
La haine de cette solitude
Ton refuge et ta prison
L’étau qui te broie les entrailles

Mais pas un ne sait
La beauté des mondes
Que seule toi protège


#6mots

Rien de plus
Que le silence

Rien d’autre
Que de la soie

Et du velours
Sous les doigts

Rien de moins
Que des chamades

Et des sourires
Et des soupirs

Pour rien
Pour tout
Pour toi

 

 

Ce qu’on ne fera
Jamais plus

Ces rêves tissés
De fil d’espérance

Deviendront nos souvenirs
Les plus précieux

 

Il a tant
Rêvé ses ailes

Que même le sol
S’est dérobé

Tu peux seulement
Donner ton coeur

A celui qui
T’offre le privilège

De t’emmener encore
Voler avec lui

 

Seule ta poésie
Emprunte mes mots

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