L’automne déploie ses ocres, descend le ciel, laisse lentement la nuit grignoter le jour.
Pas de doute, Octobre est bel et bien là…
Pour accompagner les châtaignes sur les braises et la danse jaune des cirés, voici quelques mots de saison, qui n’attendent que vos yeux.
Bonne lecture !
C’est comme
Un voile qui tombe
Des pastels qui s’estompent
Pour que le jour chatoie
C’est comme
Une mâchoire qui relâche l’étreinte
Et l’étau qui renonce
D’un battement de cœur
C’est comme
Une douceur insoupçonnée
Qui réchauffe les soleils
Hier aveuglés d’hiver
Encore un peu
De tes joues rugueuses
Sous mes doigts déliés
Juste un peu
De la paix de tes matins
A l’aube de mes ténèbres
Rien qu’un peu
De l’écume de tes étreintes
Au creux de toutes mes houles
Seulement un peu
De l’embrun de tes yeux
Pour diluer mes larmes
Un peu
Du pinceau de tes lèvres
Pour peindre mon sourire
Ces parfums humides et terreux
Ces enjambements alanguis
Sur des parchemins d’automne
Aux allées d’ocre et d’eau
Ces siècles qui reposent
Dans les regards qui ont parcouru
Le velin effleuré de bouts de doigts
Et tous les faire-parts des rêves
Il y a ceux qui se pressent
Qui courent
Qui sont là depuis longtemps
Et l’horloge
Qui aimante le regard
Où est le tien ?
Il y a ceux qui retrouvent des bras, des chaleurs, des baisers
Ceux qui ont peur
Qui ont hâte
Ceux dont le cœur se serre
Jusqu’à faire mal
Où est le mien ?
Des hiers s’en vont
Sur la pointe des pieds
Des parcelles demeurent
Seules celles qui doivent rester
Et mêlées d’argile ancienne
Et de terre d’aujourd’hui
Se modèlent les briques
Qui bâtiront demain
Mes larmes se sont fanées
En roulant au long
Des pétales de mes sourires
L’espoir juste soufflé
Au bord de mon épaule
Fait taire chaque doute
En ce matin qui jure
A chaque rai de lumière
Qu’il se lèvera encore
Bout de semaine
Prélude des heures
Des sommeils qu’on traîne
Retour du labeur
Réveil grouillant
Rues qui s’agitent
Début frissonnant
Attente qui s’invite
Au gré des privilèges solaires
Le tangage d’ocre des feuilles
Dans leur enveloppe d’or et de feu
Épouse les accords de bruissements
A l’heure où l’horizon s’embrase
Au préambule du froid sommeil
Les longs jours se métamorphosent
Octobre enlace le décor
A l’azur d’un matin neuf
Qui a bu l’encre de la nuit
S’agrippent encore quelques astres
En hâte du crépuscule
Les battements, les chamades
Assourdissent jusqu’aux craintes
L’impatience plein les doigts
Il est temps de vivre enfin
Parce qu’aucun jour
Ne sera plus ordinaire
Une nuit encore
Aux espoirs faciles
Aux rêves abusés
Au matin hâtif
Un matin encore
Au café inquiet
Aux urgences numériques
Au jour pressé
Une journée encore
Aux heures effrénées
Au souffle court
Au soir attendu
Un soir venu
De ce jour encore
Sans souvenir
A garder
Quelques comètes
Font un détour
Entre une planète
Une nuit, un jour
Un soleil luit
Sans jamais plus d’ouest
Il époussette et essuie
Les poussières célestes
Mouches colorées
Sur toile d’Univers
Palette étoilée
Où se niche une Terre
Miraculée
Il enveloppe
Les premiers instants
De chaque monde
Il se tisse dans la paix,
La lenteur des respirations
Et la mort des vacarmes
Il est parfois la seule réponse
Quand les mots se soustraient
Des phrases illégitimes
Et qu’il se suffit
A lui-même
J’irai écouter
Ce qui murmure et ce qui hurle
Et scruter
L’invisible et les étincelles
J’irai déguster
Les miels, les amertumes
Et m’envelopper
De velours et de crins
J’irai danser
Après la pluie et les batailles
Et je cesserai de dormir
Si tu désertes mes rêves
#6mots
S’étendre et puis
S’enrouler de limbes
Etreindre la nuit
Rêver le matin
Caresser les astres
Perlés de lune
Demain mes paupières
Découvriront tes yeux
Je suis contre l’Amour
Tout contre
Octobre est toujours
Ma couleur préférée