Le retard involontaire de la publication des Mots de Novembre m’amène à vous les proposer en cette veille de Noël.
Le hasard qui n’en est peut-être pas m’invite ainsi à vous les déposer comme un cadeau, qui prolonge un peu les notes automnales dans le prélude de l’hiver.
Belles et douces fêtes de fin d’année à vous tous,
Carole.
Des tiédeurs pour d’autres mois de mai encore
Quitteront les âtres peuplés de rouge et d’ambre
Des jours gantés de laine que la bise mord
Piègent en leurs grisailles les gouaches de novembre
Aux recoins de l’automne, aux soirs drapés de brume
Au détour d’une bruine aux fragrances de terre
Les forges de glace battent déjà l’enclume
Façonnant les armes des ardeurs de l’hiver
Embrasse moi encore
Où s’offrent mes douceurs soufflées
Des fragrances de velours
Quand nos raisons se dévêtissent
Et que nos défiances se blessent
Embrasse-moi encore
Contre nos chamades folles
Quand le sang perd sa course
Et que nos échines bruissent
L’écho de nos lèvres
Parce qu’en ces secondes
L’été grelottent
Les ténèbres cherchent la lumière
Et commencent les achèvements
Parce qu’en ces lieux
Le néant prie l’infini
Les tempêtes balayent le vent
Les ailes battent la gravité
Y subsiste encore
L’espérance
Des résurrections
Souffrir des brumes
Des colères qui détonnent
Des invisibles plumes
Et n’être personne
S’emplir de solitude
De voix qui fredonnent
Sans Bach ni prélude
Et n’être personne
Ne faire qu’effleurer
La lumière qui pardonne
Se perdre, s’oublier
Et n’être personne
Si tu quittes ta cellule
Je serai les refuges
Qui te garderont sauf
Si tu abats tes remparts
Je peindrai l’horizon
De tes libertés
Si tu sais que tout change
Je délierai les serments
Pour la promesse d’un jour
Et si tu crois encore
Mes doigts serreront
Chacun de tes miracles
J’irai souvent où tu ne seras pas
Je battrai des ailes par-delà ce ciel
Planerait des nuages aux neiges éternelles
Puis je reviendrai là, juste entre tes bras
Frôler des étoiles, courser des comètes
Poudrant pour toi mes sillages d’escampette
Emportant les mirages que nous contemplions
Toi qui habilles de soie les nuits
Où mes flammes s’éparpillent
Toi qui mènes sous la pluie
Nos feux sans qu’ils vacillent
Toi dont les lèvres connaissent
Les maux de mes cicatrices
Toi dont les yeux caressent
Mes aubes quand elles pâlissent
Vient le temps obscur
Du repos des clartés
Des yeux flous qui augurent
L’étreinte de Morphée
Demain souffle déjà
Sous le portail des nuits
Un rêve rejoindra
L’aube comme un sursis
Des cheveux de lumière
S’étaleront dans les lits
Recouvrant de poussière
Les sommeils endormis
S’il te plait
Sois mon imparfait
Le murmure dans mes cris
Celui qui bouscule mes manies
Et secoue tous mes rêves
Sois mon imparfait
Le sage de mes folies
L’ici de mes lointains
Celui qui sait que je ne m’enfuis
Que par les portes closes
Sois mon imparfait
Le feu qui brûlent mes colères
Le garde-fou de mes vertiges
Celui que je n’emmène pas
Toujours où je veux
Sois mon imparfait
Celui qui sait me trouver
Même dans mes silences
Dont les imperfections
Épousent
Chacune des miennes
Tout s’agite et me dépasse
Sans tourner mes aiguilles s’endettent
Tant de gens courent, tant de trains passent
Tout accélère et je m’arrête
En avance ou bien en retard
Jamais à temps, mes heures s’apprêtent
Décalages, arrivées sans départs
Tout accélère et je m’arrête
Tant que ma mémoire te rappelle
Tant qu’elle te ramène dans mes jours
Tant qu’elle revêt mes nuits de tes parfums
Tu ne seras jamais loin
Tant que ma mémoire te rappelle
Tant qu’elle peint mes décors
Aux couleurs de tes yeux
Tu ne seras jamais loin
Tiens moi là tout près
Sans jamais me retenir
Garde quelques secrets
Sans jamais me mentir
Marche dans mes pas
Sans jamais m’attendre
Brûle de nos ébats
Souffle sur leurs cendres
Bois toutes mes eaux
Sans dégriser mes nuits
Prends tous mes mots
Sans taire ta poésie
Je t’offre des douceurs
Des fragrances à disperser
Du vent pour les porter
Juste une respiration
Dans l’union du silence
Des fragments de paix
Sur la rosée de l’aube
Recueillie par tes larmes
Dans le lit du bonheur
Peut-être dans un instant
Sera-t-il trop tard
Peut-être les firmaments
Rejoindront le hasard
Des lignes parallèles
Des attentes encore
Des visages et des ailes
Couverts de plomb et d’or
Peut-être une poussière
Chambardera le ciel
En lézardant l’éther
De ratures d’essentiel
Il y aura encore des trappes
Sous nos pieds, sous nos cœurs
Des chutes dans des gouffres
D’infini
Le monde n’attendra
Ni hier ni demain
Le ciel est si loin
Si loin
Le temps nous échappera
Quelques rêves dans ses bras
Mais peut-être n’en faut-il
Qu’un
Je peux bien te perdre
Dans mes orages
A ne plus dormir
Sans tes étoiles
Je peux bien partir
Les genoux écorchés
Ta terre portera
Mon chemin sans paix
Je peux bien mourir
Ici, maintenant
Je renaîtrai toujours
Dans tes matins
Où tes fenêtres ont vue
Sur mes rêves
Dans ces vitesses, ces temps pressés
Où s’égarent même mes refuges
Rien ne s’imprègne, tout est masqué
Mon cœur ne trouve de subterfuge
Je ne sais pas faire, je ne suis pas faite
Pour ces futiles, ces insensés
Tout se dépêche et tout s’apprête
Et je ne veux que m’échapper